Les collections
Aujourd’hui constitué de 27 salles et de près de 150 vitrines renfermant plus de 120 mannequins dont une vingtaines de cavaliers entièrement équipés, le Musée de l’Empéri est une ancienne collection privée, la collection Raoul et Jean Brunon, la plus importante collection privée au monde dans son domaine, l’histoire de l’armée française de la fin du règne de Louis XIV à la Grande Guerre.
Riche de quelques 10 000 pièces, souvent uniques, parfois exceptionnelles, toujours de première qualité, la collection Brunon contient, en particulier, le plus grand ensemble jamais rassemblé par un collectionneur concernant la Grande Armée et l’époque napoléonienne.
Mais les grandes collections ont parfois une origine modeste. Elles représentent une quête inlassable, animée par une volonté tenace et par la longue patience d’un créateur mettant sa vie au service de son idéal.
Histoire des collections
La collection Brunon est née à la fin du XIXème siècle dans la chambre d'enfants d'une maison familiale à Marseille, 174 rue Consolat, où deux petits garçons, âgés de huit et cinq ans, serraient leurs trésors: livres, images, soldats de plomb, uniformes et armes d'enfants. La petite armée se recrutait au gré des étrennes et, déjà soigneux et conservateurs, ils repeignaient les figurines pour parer aux erreurs des peintures d'origine ou aux accrocs des batailles d'antan.
Un jour de l'année 1908, les enfants reçurent de leur oncle rouennais, le docteur Raoul Brunon, une caisse contenant un fusil Chassepot, un shako de la Garde Nationale sous Napoléon III, un bonnet de police d'infanterie de la même époque, un casque bavarois de 1870 et quelques menus objets: ce fut le point de départ de ce qui allait devenir un extraordinaire musée.
Elevés dans le culte de la Patrie, du Drapeau et de l'Armée, comme tant de futurs combattants de 1914-1918, les deux frères allaient faire face au destin de leur génération. Partis tous deux au début du conflit avec cette obsession en tête d'une Allemagne victorieuse en 1870, leur mère leur écrivait à Noël 1914:
«La fin de cette année sera triste sans nos deux fils auprès de nous, mais [...] si Dieu le veut nous verrons tous la revanche!». Raoul tomba le 23 octobre 1917, au cours de l'assaut du fort de la Malmaison, sur le Chemin des Dames, écrivant dans sa dernière lettre avant l'attaque:
«La providence gardera Jean afin qu'il fasse ce que je voulais contribuer à faire» c'est à dire «le futur musée» pour lequel ils récoltaient alors des souvenirs sur le champ de bataille comme en témoigne une lettre de Jean à Raoul: «Tu t'occupes d'antiquités sous le feu de l'ennemi! D'Esparbès ferait un conte héroïque là-dessus!».
Jean garda religieusement le culte et la mémoire de son frère dont il donna le prénom à son fils à qui il eut la satisfaction de transmettre sa vocation et son savoir.
Sa collection fut achetée par l'Etat en 1967 et installée peu à peu au château de l'Empéri à Salon-de-Provence, restauré pour l'accueillir, et devenu ainsi musée national, antenne du Musée de l'armée de Paris à qui appartiennent les collections.
Il s'éteignit le 23 mai 1982, dans sa 87ème année, se consacrant jusqu'au bout à son oeuvre et à son musée.
Son fils Raoul qui créa le musée avec lui, en fut le conservateur jusqu'à sa disparition prématurée en 1998.
«Jean Brunon a été probablement le plus grand collectionneur privé d'Europe, l'un des plus grands du monde» a écrit le colonel Pierre Carles, grand spécialiste de l'histoire militaire. On lui doit cet ensemble exceptionnel qui est bien plus qu'un musée, une collection vivante, une introduction unique à l'histoire grâce à une muséographie innovatrice et sans pareil, constituant une oeuvre en soi, dont la qualité artistique autant que pédagogique témoigne d'un goût magnifique et d'un sens profond de l'humain.
Le site accueillant le musée :
Juché sur un formidable socle rocheux, le château de l'Empéri qui abrite le musée, est le plus ancien et l'un des trois plus importants châteaux forts de Provence, avec ceux d'Avignon et de Tarascon. Bâti à partir de la fin du Xème siècle, il fut la résidence préférée des archevêques d'Arles dont Salon fut le fief du IXème au XVIIIème siècle, sous la suzeraineté de l'Empire romain germanique (d'où le nom de l'Empéri), puis des rois de France.
De nombreux personnages illustres y séjournèrent, papes, empereurs et rois:
le roi René, François 1er, Catherine de Médicis venue consulter Nostradamus, Henri IV, Mazarin, Louis XIV...
Propriété de la ville de Salon depuis la Révolution, le château devint une caserne au XIXème siècle et accueillit des régiments de l'Armée d'Afrique.
Restauré et transformé en musée d'histoire locale après la deuxième guerre mondiale, il abrite depuis 1976 une des plus belles collections d'art et d'histoire militaire au monde, la collection Raoul et Jean Brunon, riche de dix mille objets, acquise par l'Etat en 1967.